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Saviez-vous que le redoublement est interdit en maternelle à Mayotte ?

Le redoublement est interdit en maternelle à Mayotte. Découvrez pourquoi cette règle est remise en question et quelles solutions soutiennent les élèves face aux défis scolaires....
Saviez-vous que le redoublement est interdit en maternelle à Mayotte ?
Illustration du redoublement par Dorothe de pixabay | Le Mahorais

À Mayotte, territoire d’outre-mer français aux défis scolaires bien particuliers, le redoublement en maternelle est interdit. Cette mesure, fixée par la loi nationale, suscite un vif questionnement dans un contexte où les élèves rencontrent de nombreuses difficultés dès le plus jeune âge. Pourquoi une telle interdiction ? Quels sont les textes qui encadrent cette règle ? Et comment l’école mahoraise accompagne-t-elle ses élèves ?

Le cadre légal récent du redoublement en maternelle

Depuis le décret n° 2018-119 du 20 février 2018, le redoublement en maternelle est interdit dans toute la France, y compris à Mayotte. La seule exception concerne les enfants en situation de handicap, autorisés à redoubler selon l’article D. 351-7.
Ce choix vise à accompagner l’enfant de manière positive, sans utiliser le redoublement comme une sanction, surtout à cet âge important du développement.

Le décret n° 2024-228 du 16 mars 2024 renforce cette approche en insistant sur l’importance d’un accompagnement pédagogique personnalisé. Il précise aussi les règles pour le redoublement en élémentaire, mais interdit toujours le redoublement en maternelle, sauf pour les enfants en situation de handicap.

À Mayotte, la note de service de l’Inspection de l’Éducation Nationale, rédigée par Corinne DELVALLÉ en 2020, rappelle les modalités essentielles du suivi scolaire en maternelle. L’évaluation se fait via un carnet de suivi des apprentissages, qui accompagne l’enfant tout au long de l’année scolaire et synthétise ses acquis en fin de cycle 1. Ce suivi permet d’identifier au plus tôt les besoins et d’ajuster l’accompagnement, évitant ainsi le recours au redoublement.

Les difficultés spécifiques de l’enseignement en maternelle à Mayotte

À Mayotte, plus de la moitié de la population a moins de 18 ans. Beaucoup d’enfants arrivent à l’école sans parler français, car ils utilisent surtout le shimaore à la maison, et certains viennent des îles voisines sans aucune base. Cette barrière linguistique complique fortement les apprentissages, l’école imposant le français comme langue d’enseignement.

Les infrastructures scolaires sont insuffisantes, un problème aggravé par le passage du cyclone Chido, qui a lourdement endommagé de nombreuses écoles. Pour faire face à cette situation, certaines communes organisent des classes à horaires décalés, avec des élèves présents seulement quelques heures par jour, le matin ou l’après-midi, ce qui complique la continuité pédagogique.

Dans ce contexte difficile, on demande aux enseignants de suivre un programme national rigoureux et d’atteindre des objectifs précis, malgré un temps d’enseignement limité et des élèves en grande difficulté linguistique et sociale. Cette situation soulève des questionnements sur la pertinence du redoublement, même s’il reste interdit en maternelle.

Pourquoi interdire le redoublement en maternelle ?

La maternelle est considérée comme un lieu d’éveil et de développement, où le redoublement est vu comme une sanction freinant la motivation des enfants. Pourtant, à Mayotte, où les dispositifs d’accompagnement comme les plans d’accompagnement personnalisés (PAP) ou les unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS) restent insuffisants et où les enseignants travaillent dans des conditions difficiles, l’interdiction stricte du redoublement mérite d’être questionnée.

De nombreux élèves arrivent avec d’importantes difficultés, notamment linguistiques et sociales, qui compliquent leur apprentissage. Privés d’un accompagnement adapté, ces enfants pourraient, avec un redoublement encadré, bénéficier d’un temps supplémentaire pour consolider leurs acquis et éviter un décrochage prématuré.

Le refus de redoublement, dans ce contexte, peut constituer une forme de discrimination indirecte, privant ces enfants fragiles d’une chance supplémentaire de progresser. Il invite à repenser les règles nationales à la lumière des réalités locales et à renforcer les moyens pour assurer la réussite de tous les élèves à Mayotte.

Conclusion

Permettre le redoublement en maternelle ne signifie pas nier les difficultés, mais plutôt leur apporter une réponse pragmatique et adaptée. Il est plus que nécessaire de reconstruire et de renforcer les écoles à Mayotte, en développant des dispositifs adaptés pour les enfants en difficulté, notamment ceux plus fragiles, qui pourraient bénéficier d’un redoublement encadré.

Sur place, certains enseignants sont même contraints de parler shimaoré aux enfants pour qu’ils comprennent les consignes, ce qui souligne l’importance d’adapter les méthodes et les dispositifs éducatifs à la réalité linguistique et sociale du territoire.

Au final, il s’agit de construire des écoles qui donnent à tous les jeunes Mahorais les meilleures chances de réussite, en tenant compte de leurs besoins spécifiques, dans un cadre respectueux de la diversité et de l’égalité des chances.

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